Pourquoi il ne faut jamais secouer un bébé

Que faire quand un bébé pleure ?

De nombreux parents peuvent se retrouver désarmés face aux pleurs parfois inextinguibles de leur bébé. Il faut à tout prix éviter de « craquer » et de s’énerver contre le bébé, et surtout ne jamais en arriver à le secouer.

Pour cela, quelques conseils. Après avoir vérifié que le bébé n’a pas faim, n’a pas mal, n’a pas de fièvre, n’est pas irrité par sa couche, que sa couche n’a pas besoin d’être changée…

– Laisser pleurer le bébé quelques minutes dans son lit, couché sur le dos, et changer de pièce afin de respirer un peu et de retrouver son calme.

– Appeler quelqu’un (une mère, soeur, un ami…)

– Ne pas rester seule. Demander à quelqu’un de venir prendre le relai quelques minutes auprès du bébé. Cela est souvent très efficace. De nombreuses maman sont surprises de voir que malgré tous leurs efforts elles n’ont pas réussi à calmer leur bébé. Lorsque le papa ou une autre personne arrive, le bébé se calme. Cela représente tout simplement un changement d’environnement pour le bébé. Ou alors, l’autre personne trouve « un truc » auquel la maman n’avait pas pensé car elle n’est pas prise dans la situation stressante…

Plusieurs enfants meurent chaque année des suites de violentes secousses effectuées par leur père, leur mère ou une autre personne, comme par exemple une nourrice.

  • 10% environ de ces enfants meurent des suites de ces secousses et 75% présentent des séquelles.
  • Cette anomalie survient le plus souvent chez des bébés âgés de moins de un an.
  • Les garçons sont les plus touchés.
  • Le syndrome de l’enfant secoué concerne souvent le premier enfant : les parents, quand ils sont en cause, sont inexpérimentés ou épuisés et s’affolent, perdent leurd moyens lorsque leur bébé pleure sans arrêt.

Les bébés en très bas âge, de moins de 6 mois, présentent des caractéristiques qui les rendent plus fragiles.

Conditions anatomiques favorisant cet accident

  • Le cerveau, trop petit, ne remplit pas la boite crânienne risquant ainsi de toucher les parois osseuses lors de mouvements de va et vient violents : le cerveau flotte, s’écrase contre les parois et provoque une rupture des vaisseaux sanguins
  • Le poids de la tête est proportionnellement trop lourd par rapport au poids du corps.
  • Les muscles du cou empêchent le bébé de maintenir sa tête bien droite : la tête peut être projetée en avant ou en arrière lors de secousses.

Symptômes

Les secousses violentes ont des répercussions sur le cerveau du bébé et peuvent provoquer une hémorragie cérébrale ou un oedème en raison du choc survenant sur la boite crânienne.

  • Fatigue ou somnolence brutale pouvant ressembler aux manifestations provoquées par un virus
  • Vomissements
  • Malaise
  • Perte de connaissance
  • Crise d’épilepsie
  • Arrêt respiratoire
  • Arrêt cardiaque
  • Paralysie
  • Perte de la vision….

Maltraitance ou imprudence

La maltraitance est souvent mise en cause dans le syndrome de l’enfant secoué. Dans ce cas, d’autres signes peuvent s’observer lors de l’examen du bébé : fractures de côtes, ecchymoses sur le corps…

Malheureusement, il arrive également que cette anomalie soit causée par une imprudence sans relation avec une maltraitance volontaire. Consulter rapidement votre médecin si votre bébé somnole, vomit ou fait un malaise après avoir été secoué. En effet, un transfert en réanimation doit être effectué le plus rapidement possible en cas de lésions neurologiques.

« Laisse le pleurer », texte de Françoise Jeurissen

 

Faut-il laisser pleurer un bébé ? Le débat fait rage ces dernières années en occident…

Sans rentrer dans la controverse, nous vous présenterons ici un texte bouleversant de Françoise Jeurissen : Laisse-le pleurer 

« Il est étendu là depuis des siècles, des millénaires, à attendre qu’on vienne le délivrer.
Il ne sait pas – pourrait-il le savoir ? – quelle est la pire souffrance. La faim ? La peur ? La solitude ? Le froid ? L’impuissance ? Tout se confond sous le linceul glacé d’une indicible et abyssale angoisse. Angoisse de mort. Mais qu’est-ce que la mort ? Il n’en sait rien. Mais il le pressent dans ce morceau de lui qui remonte à la nuit des temps. Angoisse de finir là, d’y rester pour toujours, incapable de se mouvoir. Sa vie se diluant dans une éternité de douleur toujours reconduite. Son coeur, son ventre, son cerveau éclatant sous la cruelle et colossale violence des émotions ressenties, s’éparpillant dans ce vide, chavirant dans ce rien. Parfois il crie, il hurle comme un damné, pendant des heures et des vies entières. Pour rien, ou pour s’entendre vivre encore un peu. Même plus pour obtenir la douceur et la lumière, puisqu’il peut mourir tellement de fois au fond de son âme avant qu’elles ne reviennent. Puisqu’à chaque fois il oublie qu’elles peuvent exister. Et puis vient le moment où, exténué, il ne peut plus que gémir spasmodiquement, sur une seule note faible et lancinante.

Et la mélopée impuissante et désespérée finit par cesser de transpercer le silence épais de l’indifférence qui l’entoure. Ensuite il s’arrête, éperdu de douleur, la gorge incendiée, les yeux brûlants de sel, la poitrine hoquetante, la tête bourdonnante. Et l’instant se suspend, et l’espace se dilate et se resserre autour de lui, la terreur monstrueuse hésite à refluer enfin.Voilà que, du fond de son puits de souffrance, lui parviennent des bruits lointains. Des bruits joyeux, des bruits vivants, qui réveillent en lui l’écho d’une autre époque. Des bruits chauds et bons, qui le font redoubler d’appels éperdus, malgré les brûlures de son corps épuisé. Parce que ces bruits ont soufflé sur l’espoir qui survit au fond de son âme, et l’ont ranimé un instant. Mais, à bout de force, il consent à se taire enfin, figé dans la désespérance. Pour finir par sombrer, vidé, dans un sommeil hors du temps, dans un coma libérateur.

Et là il peut replonger avec délices dans le souvenir des moments meilleurs. Il se souvient alors du chaud, du doux, du mou, de la félicité de son corps et de son âme, aux besoins tellement comblés qu’ils en étaient absents, de l’éternité bercée dans un océan de chaleur enveloppante, rythmée par le battement assourdi et rassurant du cour du monde. C’était une autre vie, un autre temps. Avant le cataclysme, avant le purgatoire. Il s’éveille à nouveau, se tord de souffrance, pulse de mille hurlements dévastateurs, explose en mille fêlures. Il se déchire, sent son corps et son esprit éclater un morceaux épars, impossible à rassembler. Il n’est plus un. Il n’a plus d’humanité. Son cerveau trop meurtri va sombrer. Il n’est plus que douleurs et suppliques.

Et puis brusquement s’ouvre un pan de ciel, sur la lumière et la vie.

Soudain cesse pour un instant la torture, soudain s’illumine la nuit du grand silence de glace.
Soudain des mains le soulèvent, le caressent, le réchauffent. Un liquide chaud et revigorant lui inonde les lèvres, et puis la gorge, et puis le ventre. Il peut se laisser aller à la volupté des goulées qui le revivifient, le ressuscitent. La tendresse le submerge, son corps écartelé est enfin touché, reconstruit . Il s’éclaire. Il redevient un. Il vibre à nouveau au son de la pulsation familière du cour du monde. Il se laisse caresser par sa voix, qui lui murmure des mots qui lui rendent la vie et la dignité. Il jouit et se berce sans retenue à cette voix aimée. Il est plein, il est rond, il est vivant autant qu’on peut l’être, il est confiance absolue.Il a déjà oublié la souffrance et l’angoisse. Déjà oublié la solitude et le vide. Il vit l’instant présent, aussi voluptueusement heureux qu’on peut l’être.

Et il ignore, heureusement, l’éternel recommencement de ce jeu cruel.
.- « Et alors, ça va mieux maintenant, il est moins difficile ? »
– « Oui, j’ai suivi tes conseils, et il s’arrête de plus en plus vite de pleurer maintenant . je crois qu’il a compris »
– « Je te l’avais bien dit. C’est comme ça avec les bébés. Si tu cèdes à tous leurs caprices, tu n’en finis jamais. Il est capable de savoir que tu as besoin de temps pour toi et qu’il doit devenir autonome. »
– » Tu as raison. Après tout, il ne manque de rien dans son petit lit. »  «